Oswaldo Guayasamin (Quito, – ) est un artiste équatorien de la seconde moitié du xxème siècle. Fortement inspiré par les arts sud-américains, il consacre une grande partie de sa vie à peindre la misère, l’exploitation, l’oppression, la dictature et le racisme. Il crée un portrait panaméricain des différences sociales et humaines.
Ses toiles expressionnistes montrent la souffrance humaine sous des traits appuyés et amplifiés. Les mains sont bien présentes dans son oeuvre : elles traduisent la douleur endurée par le peuple équatorien ainsi que la révolte.
Son œuvre est divisée en trois grandes périodes :
« El camino del llanto » (« Le chemin des lamentations », Huacayñan en quechua), ensemble de cent trois tableaux, réalisés entre 1944 et 1945 ;
« La Edad de Ira » (« L’Âge de la Colère ») est un ensemble de cent cinquante tableaux exécutés sur une trentaine d’années, entre 1961 et 1990. Cette période montre l’angoisse et la douleur des indigènes des Andes, il dénonce aussi les conditions de vie des ouvriers dans les mines et plus généralement l’exploitation de l’homme par l’homme au travers des dictatures, génocides et autres agressions des pays puissants et impérialistes. Guayasamin travaille beaucoup par série, notamment la série des mains pendant cette période ;
« Un des plus imposants travaux de l’artiste est la série de peintures dédiées aux mains, intitulé « Las Manos » et qui fait partie de la collection : « La Edad de la Ira » (l’Age de la colère). Douze peintures à l’huile représentent des portraits torturés où les mains, longues, sont dessinées pour représenter un sentiment bien précis comme la terreur, le silence, la protestation ou la prière. » site de l’Unesco.
La Tête de Napalm dénonce les ravages de la bombe atomique.
Guayasamín croyait que la cruauté que l’homme commet contre l’homme a besoin d’être condamnée plusieurs fois, pour que l’humanité ne les oublie pas et qu’elle ne se répète pas.
« La Edad de la Ternura » (« L’Âge de la Tendresse ») est une période durant laquelle il travaille sur le lien maternel, la mère, la femme source de réconfort dans les épreuves et source de courage par sa résistance à l’humiliation : un hommage à toutes les mères du monde.
On voit bien la parenté avec les oeuvres de Picasso.
Guayasamin est décédé le 10 mars 1999, et comme un hommage à son travail, à ses recherches pour la sauvegarde du patrimoine de son pays, et pour le remercier de l’amour qu’il portait aux autres, le peuple indien se mit en grève et tout le monde pris conscience que le pays venait de perdre un grand homme.
Pour mes belles-petites-filles franco-équatoriennes Lia, Maïwen, Heiva.
Jouer avec la nature, une expérience sensible et poétique de l’espace. Il est possible d’adapter cette séquence au cycle 1 en donnant des consignes plus concrètes et plus proches des élèves.
Cycle 3:
La relation de l’objet à l’espace : la mise en regard et en espace. Les mises en scène des objets. L’espace en trois dimensions.
Cycle 4:
La présence matérielle de l’oeuvre dans l’espace
L’expérience sensible de l’espace de l’oeuvre
Demande N°1 :
récolter des éléments naturels dans le collège/école et réaliser avec ces éléments une petite construction qui sera placée dans un site. La prendre en photo.
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Demande N°2 :
avec ces mêmes éléments naturels, chercher plusieurs assemblages différents (prendre une photo à chaque version)
Références artistiques :
Goldsworthy Andy
Andy Goldsworthy, Pebbles around a hole, Kinagashima-Cho, Japan (1987)
Nils Udo
Clemson Clay Nest — South Carolina’s Botanical Garden, 2005d @2
Demande N°3 :
réalisez une installation de votre assemblage pour qu’il ne passe pas inaperçu.
Demande N°4 :
amplifier votre mise en scène pour rendre votre installation plus spectaculaire
Demande N°5 :
prendre différentes photos de votre réalisation de manière à la rendant encore plus spectaculaire.
Nils Udo
Robert Smithson
Jaehyo Lee (Corée)
Réinvestissement :
réaliser une production avec des éléments naturels installée dans un lieu donné qui montrera de manière poétique l’impression « d’envol ».
Nombreux sont les artistes qui se penchent sur la tragique période des colonies avec un regard critique et politique. La colonisation est bien présente dans la mémoire des descendants des colonisés. Elle touche de plein fouet leur identité.
Un article de Julie Crenn a retenu mon attention. Voici un résumé illustré avec de larges extraits de son article passionnant..
Yinka Shonibare est un artiste contemporain britannico-nigérian né le 9 août 1962 à Londres. Yinka Shonibare détourne les peintures de Fragonard en les reproduisant en trois dimensions. Les personnages sont habillés de tissus africains le fameux « wax ». On ne s’en rend pas compte immédiatement mais il y a bien un glissement culturel.
« Le titre de l’installation, « jardin d’amour », est une grinçante métaphore de l’espace colonial, sorte d’immense jardin impérial, que l’artiste se réapproprie précisément dans un musée consacré à des objets collectés pour une part importante au cours de l’épisode colonial. » Selon l’artiste la colonisation aurait engendré la haine en créant des inégalités et serait à l’origine du terrorisme actuel. « Loin de contribuer au progrès, la colonisation aurait généré un ordre mondial reposant sur d’arbitraires hiérarchies rendant d’emblée impossible pour une grande partie de l’humanité l’accès aux richesses. Elle aurait contribué à mettre en œuvre une fabrique d’exclus parmi lesquels certains s’engageront dans l’engrenage de violence dont les événements du 11 septembre sont devenus les symboles. » (1)
Pour atteindre les oeuvres, le spectateur doit suivre un parcours conçu par l’artiste. Un labyrinthe végétal menant successivement à trois installations. Yinka Shonibare détourne trois peintures de Jean-Honoré Fragonard : L’Amant Couronné, La Poursuite et les Lettres d’Amour, réalisées entre 1770 et 1771, avant la révolution Française. « Il s’est attaché à une reproduction scrupuleuse des personnages, de leurs gestes, leurs mouvements et leurs costumes, sauf que ses personnages n’ont plus de têtes et leurs costumes / accessoires sont taillés dans des tissus wax. Les installations montrent des personnages insouciants, des scènes bucoliques et fastueuses dans lesquelles l’artiste choisit d’introduire des éléments contemporains et perturbateurs. L’histoire des wax est particulière, ils furent créés et produits en Hollande par les colons hollandais pour leurs colonies indonésiennes. » (2) L’artiste souligne : « Du point de vue de l’Africain moderne qui est le mien, ces membres de l’aristocratie sont mes objets de curiosité, d’une manière inversée. Ainsi à mes yeux, en tant qu’Africain, la culture de l’Europe du XVIIIème siècle est mon fétiche, tandis que leur fétiche est le masque africain ! ». (1)
Calixte Dakpogan est un artiste et sculpteur béninois né en 1958. Il réalise des masques traditionnels avec des objets du quotidien.
Il détourne également les savates deux doigts pour en faire des portraits insolites.
Hassan Musa est né au Soudan en 1951. Suzanne et les avocats des peuples africains mélange différentes catégories d’images. La culture est cosmopolite et multiculturelle chez l’artiste.
Sa peinture Worship Objects relate l’histoire tragique d’une esclave célèbre. La peinture mêle une représentation de Joséphine Baker et de Saartjie Baartman, dont les vies et destins sont à la fois troublants et fascinants.
« De son véritable nom Sawtche, Saartjie Baartman (ce qui signifie en hollandais « Sarah barbu »), appartenait à la communauté khoisan / hottentote et était l’esclave d’un riche fermier afrikaner. « (1) Elle fut achetée et emmenée par un chirurgien de la Royal Navy britannique en 1810 pour être « exposée » à Londres puis à Paris où les exhibitions humaines étaient en vogue. (1)
Kara Walker est une plasticienne afro-américaine, née à Stockton en Californie le 26 novembre 1969. Kara Walker rouvre des cicatrices et agite les mémoires. Son travail sur l’esclavage témoigne de l’histoire et de l’identité afro-américaine.
Fabrice Hergott précise que la découpe de silhouettes sur papier / carton était une pratique courante au sein de l’aristocratie française. Elle était répandue dans les salons et cercles mondains « où l’on s’amusait à se portraiturer en dessinant sur une feuille de papier l’ombre de la tête projetée par la lumière d’une bougie ».
Maria Magdalena Campos-Pons travaille essentiellement sur l’histoire du peuple afro-cubain et afro-américain, la créolisation, l’esclavagisme et le multiculturalisme dans les sociétés, par le biais de son expérience personnelle.
Replenishing un double portrait de femmes, une mère et sa fille, reliées par des colliers de perles. Entre les deux femmes se trouve la septième photographie montrant les deux colliers noués entre eux, symbolisant l’attachement familial et culturel. Le collier rappelle les chaînes que portaient les esclaves africains, ici, la lourde chaîne devient un fragile collier.
Lorna Simpson travaille sur les coiffures africaines. Elle hisse la chevelure des noirs au rang d’oeuvre d’art ainsi que la coutume de se coiffer. Dix mots, gravés sur les plaques accompagnent les photographies : « Audacieuse, Sensible, Sévère, Long et Soyeux, Enfantine, Sans Âge, Magnétique, Fraîcheur Rurale, Douce ».
Mary Sibande est née en 1982 à Barberton au Mpumalanga, elle vit et travaille à Johannesburg.
À travers son œuvre, elle explore la construction de l’identité dans le contexte post-apartheid de la société sud-africaine et les représentations stéréotypées de la femme.
Mary Sibande. Silent Symphony, 2010.
Ces artistes interrogent l’identité et l’altérité plongées dans une histoire commune complexe et tragique. Toutefois, les oeuvres montrent à la fois un réel détachement par rapport au passé ainsi qu’une mise à distance créée grâce à la poésie présente en elles.
Mais il existe des oeuvres qui montrent de manière tragique cette période de l’histoire.
Une oeuvre émouvante de Aimé MPANÉ, L’ombre de l’ombre, Congo, structure vide d’un homme en allumettes penché sur la tombe de son pays. L’angle du plafond modifie la perception de l’ombre penchée et se recueillant sur la tombe du Congo. Contraste entre le corps charpenté de cet homme et le vide qu’il porte en lui. Il ne contient rien, que de l’air, n’est pas chargé. Ce qui est chargé, gisant, c’est son Histoire, symbolisée par les tombes de bois, même son ombre est plus massive que lui.
Pour finir cet article, un examen des définitions de « colonie » de wikipedia est nécessaire :
« Une colonie est un établissement humain entretenu par une puissance étatique appelée métropole dans une région plus ou moins lointaine à laquelle elle est initialement étrangère et où elle s’implante durablement. Résultat d’un processus politique, économique, culturel et social appelé colonisation, et qui consiste en l’exploitation des ressources de la zone en même temps que sa mise en valeur, la colonie est généralement intégrée dans un Empire colonial marqué par le colonialisme, une idéologie dont le précepte est la conquête, l’accaparement de nouvelles régions et la sauvegarde de celles sur lesquelles s’exerce déjà une mainmise. » (3) On peut se demander, dans cette définition de « colonie » de Wikipédia, en quoi consiste la mise en valeur de ces territoires annexés ?
En revanche un autre article de Wikipédia expose les motivations de la colonisation:
S’emparer des richesses d’un pays, et assurer l’approvisionnement en matières premières
Garantir des débouchés à l’industrie nationale en cas de surproduction
Forcer l’ouverture commerciale
Conquérir un espace de peuplement
Contrôler les routes commerciales
Contrôler la traite négrière
Empêcher l’expansion de puissances concurrentes
Acquérir ou améliorer une position stratégique
Assurer la sécurité de la navigation maritime en supprimant un foyer de piraterie
Augmenter la puissance et le prestige de la nation
Accomplir une « mission civilisatrice », issue de l’humanisme des lumières ou dans un esprit positiviste
Établir la domination d’une race jugée supérieure sur d’autres jugées inférieures
Répandre une religion
Interdire l’esclavage (ex. : Zanzibar).
On voit bien que ces motivations politiques, stratégiques ou économiques sont de l’ordre de la domination d’un peuple asservi à un autre pays.
Les émotions sont souvent citées dans les programmes d’arts plastiques. Mais la recherche sur internet reste compliquée et il n’est pas facile de trouver des références artistiques sur ce thème. Voici quelques oeuvres où l’émotion joue un rôle important.
Une émotion et un sentiment ne sont pas les mêmes choses. Une émotion est fugace et dure en moyenne trois minutes alors qu’un sentiment se développe dans le temps !
La sévérité :
L’art byzantin est champion en matière d’austérité et de sévérité. Les icônes byzantines sont austères comme était conçu le rapport à la religion à cette époque.
La Vierge de Vladimir en est un exemple. Le regard est lointain et la bouche de la Vierge pointe vers le bas.
Plus tardivement, la Chambre des Epoux Arnolfini reprend une expression austère pour les deux époux.
Dans la peinture contemporaine, Aurélie Nemours propose une toile bien austère sur le silence. Structure du silence. Le contraste est maximum et la composition massive est minimaliste. Rien ne vient perturber la surface de la toile.
Une icône russe censurée de 1995 Icône caviar, Alexandr Kosolapov, est éloquente. Elle paraît lointaine et en même temps proche avec le caviar. Mais encore faut-il avoir goûté à cela !
Mais l’apparence de cette icône contemporaine oscille entre festivité par la présence du caviar mais aussi à l’austérité si on ne regarde que les couleurs.
La tristesse :
Van Gogh représente un vieil homme triste recroquevillé sur lui. Les couleurs verdâtres sur le crâne et les mains donnent un côté tragique au personnage.
Un autre homme triste de Van Gogh : le personnage tourné vers le spectateur lui communique sa tristesse.
Roy Lichtenstein représente des vignettes de bande-dessinée agrandies sur des toiles de grand format.
La mélancolie :
Dürer réalise Mélancholia où il représente le côté vain de l’art avec un artiste plongé dans une forte mélancolie.
Doménico Feti représente la méditation proche de la mélancolie.
Caspar Friedrich représente un homme tourmenté devant un paysage sublime.Les émotions sont partagées par l’homme et la nature.
Munch représente la mélancolie d’un homme devant un paysage de mer désert.
Gauguin nous laisse cette peinture d’une femme bien mélancolique …
Marcel Duchamp peint Jeune homme triste dans un train.
Chiharu Shita, dans After the Dream, montre des robes qui apparaissent derrière une toile de fils.
Juliette Lemontey représente la mélancolie sans visage … tout est gris …
Théo Mercier réalise ce monstre en spaghetti appelé Le solitaire.
Il manque la bolognese pour donner des couleurs joyeuses à ce monstre bien seul !
La peur :
La peur de Saint-Pierre sur la croix (Caravage)
L’effroi face à la guerre (Rubens) – Guerre
La terreur d’Isaac (Caravage) – Assassinat
La douleur et la stupéfaction de la Méduse (Caravage)
L’angoisse de la mort (Michel Ange) – Jugement dernier
L’effroi (?) du Tres de Mayo (Goya). La peinture est de très grand format comme pour nous faire assister à cette scène d’exécution.
Pape hurlant (Bacon)
Il y a aussi les peintures sensées provoquer l’effroi chez le spectateur comme les peintures de Bosch
La douleur :
Christ douloureux et mourant (Messine)
Vierges de douleurs face au Christ mort (van der Weyden)
Le Retable d’Issenheim de Grünenwald
Expressions de douleur (Le Brun)
La douleur et le désespoir de Laocoon
Mère de douleur (Picasso)
Gustave Klimt, Douleur distordante
Oswaldo Guayasamin
Pablo Picasso, Guernica
Le cri, Munch
Les bustes grimaçants de douleur de Franz Xaver Messerschmidt
Adel Abdessemed représente le Christ de douleurs tout en ferrailles. Cette oeuvre a été présentée exposée à côté du retable d’Isenheim de Grünenwald. Le métal accentue l’effet de douleur.
Nadine Vergues sculpte des visages avec des sutures …
Florian Bonniord réalise une peinture où le blanc exalte la douleur. Les coups de couteau dans la peinture renforcent le cri.
Yue Minjun représente des rires acides et corrosifs.
La joie :
JP Mika, Kiese na kiese (Le Bonheur et la Joie), 2014. Les couleurs font la fête.
Murakami,
Karel Appel, la peinture en pâte fait la fête avec ses effets de matière et ses couleurs vives.
toujours du même artiste …
The second condition par Geng Jianyi 1989, peinture monochrome.
Mais encore le rire jaune de Yves Avenel avec deux expressions différentes dans un même visage …
Emil Nolde, Masques, la couleur est expressive
Expressionnisme allemand peinture
La colère :
Le Souper à Dresde (Nachtessen in Dresden), 1983, Georg Baselitz. La peinture est volontairement exposée à l’envers. La tête jaune et rouge du personnage central peut faire penser à la colère.
Emmanuelle Boisgard,femme en colère les traces et touches de peinture expriment la colère. Les trainées de jaune lui donnent un côté vif comme si la colère explosait.
Avec Frédéric Dréan, colère refoulée, une très belle expression de la colère avec les couleurs et le geste.
Jean Chanoir, Furia, le dessin et les couleurs expriment la furie.
De Chanoir artiste de street art (ce n’est pas le même) avec un festival d’émotions …
Depuis 2005, Jonathan Harris a constitué un catalogue de sentiments humains extraits de blogs en ligne. A des intervalles réguliers de quelques minutes et à l’échelle de la planète, le système informatique que l’artiste a mis en place recherchait les nouvelles entrées de blogs et extrayait les phrases contenant les expressions « I feel » ou « I am feeling ». Lorsque le système trouvait une telle phrase, elle était enregistrée en entier et le sentiment exprimé dans la phrase catalogué suivant les catégories suivantes : bonheur, tristesse, dépression etc. Le résultat de ce projet est une base de données de plusieurs millions d’expressions de sentiments humains augmentant de 15 à 20000 entrées par jour. (2)
Turbo, Baptiste Debombourg, la colère s’empare des murs.
Arman et les instruments de musique en colère …
Pour terminer de Matthieu Bourel, des gifs animés étranges montrant les émotions qui nous traversent pour nous rendre vivants …
Né en 1955 à Clamart, il vient à la peinture de façon autodidacte. Il se crée son propre style particulier inclassable, à la force de ses couleurs et de ses contours. Il puise dans l’art du passé des formes et des structures qu’il organise à sa manière.
– Comment êtes-vous venu à la peinture ?
-j’ ai l’impression que j’ai commencé à la maternelle, comme tout le monde, et que je n’ai jamais vraiment arrêté, quoique je puisse avoir de longues périodes sans toucher un pinceau.
Les cernes structurent certaines toiles en indiquant la profondeur. Plus épais au premier plan, ils s’affinent au second plan.
Dans le Martyre de Saint Glinglin, la profondeur est indiquée par l’épaisseur des contours et par la couleur. Il y a comme une schématisation d’une perspective atmosphérique à l’arrière plan.
Les peintures sont hautes en couleur ou le bleu et le jaune ont une grande importance.
– Le bleu et le jaune ont-ils une signification particulière pour vous ?
-En fait, je serais plutôt bleu/orange mais si j’ai eu ma « période bleue » , c’est le contraste ou la déclinaison qui m’intéresse, plus que la couleur pure.
Furia
Les formes s’emboîtent comme dans un puzzle géant. Il n’y a pas de vide dans les peintures de Chanoir. Tout est rempli par une quantité de détails insolites.
– Vos toiles sont pleines. Appréhendez-vous le vide ?
-comme je vous l’ai dit dans un message précédent, je ne crois même pas à l’existence du vide.Le monde est si complexe qu’aucune œuvre d’art ne saurait rivaliser avec le moindre de ses fragments.Un type-qui-savait m’avait pronostiqué qu’en vieillissant, j’allais aller vers la sobriété et l’épure. En ce qui me concerne, je crois que c’est raté.
– Le contour structure la représentation dans vos toiles. Est-ce par lui que la profondeur se joue dans vos peintures ?
-Au départ, c’est ma fascination pour les vitraux des cathédrales qui m’a influencé.
Telles des visions chaotiques, ses peintures sont organisées autour d’une pulsion celle de peindre et de dessiner.
La Belle et la bête, 2007
– Vous êtes gardien de nuit. Quel est le pays d’accueil de vos rêves en couleurs : le Mexique ? L’Amérique latine ?
– Pour des raisons de santé, je ne suis plus gardien de nuit. En ce moment, je fais le taxi pour enfants handicapés .Mais mon pays rêvé, c’est banal, serait la Polynésie, comme Gauguin, ou n’importe quel pays avec du soleil, de la mer et des palmiers.Mais je suis influencé par toute peinture pourvu qu’il y ait du mouvement, du monde et des couleurs vives. J’aime trouver des correspondances entre les civilisations des précolombiennes aux asiatiques en passant par l’Afrique. Ce côté universel de l’art me rassure, à défaut de me rendre optimiste. Comme Pirandello, je pense que « l’art venge la vie ».
– Vous vous inspirez de différents peintres, Matisse, Picasso et même Escher n’est-ce pas ?
-oui, ainsi que les indiens Huichols, comme vous l’avez remarqué, les aborigènes, le Douanier Rousseau, Botticcelli, Paolo Uccelo,les Futuristes, Dali, Clovis Trouille, Delvaux, les expressionnistes,surtout les Allemands, Klimt, Rouault,Renoir,Modigliani, Fernand Leger, Raphael, Keith Haring, et tant et tant d’autres.
L’art de Chanoir peut nous faire penser à la peinture mexicaine des Huichols avec ses couleurs contrastées et avec ses contours affirmés.
Mais les références à la peinture de Picasso et de Matisse sont nombreuses. Dans Trouble, il représente une scène qui pourrait être le négatif de la Desserte Rouge de Matisse.
La fenêtre devient un cadre chez Chanoir, l’intérieur une vue sur la ville. Cette inversion est subtile et très forte.
Une autre peinture inspirée par Matisse :
Cette Lady Mac Beth
Dans cette toile ci-dessous, la parenté avec Escher est évidente.
Ici Van Gogh,
Dans cette peinture La Belle et la Bête, il y a comme une émanation des Demoiselles d’Avignon. La tête de la Bête peut faire penser aux masques dans la peinture de Picasso.
Et dans cette Pieta, l’artiste montre sa connaissance des peintures sacrées du passé.
On dirait que cette peinture a été passée aux rayons X. On voit à travers les corps et les visages comme un squelette redessiné.
– Votre peinture « trouble » est comme une sorte de négatif de la « desserte rouge » de Matisse. L’avez-vous fait volontairement ?
-Non, ce n’était pas volontaire. Ce tableau m’a été inspiré par ces panneaux publicitaires plantés dans des banlieues sordides où l’on voit de modernes Vénus utilisées comme des icones vers qui convergent les fantasmes des gens auquels on essaie de vendre des parfums ou n’importe quoi d’autre.
Dans Piscine, tout est contours, courbes et contre-courbes. L’eau est habitées par des personnages épousant les ondulations de l’eau.
Les êtres et la nature semblent être parcourus par la même force, celle de leurs contours. Le contour ne serait-il pas énergie pure dans les pinceaux de l’artiste ? Une énergie qui rappellerait celle du Mana en Polynésie ?
CHANOIR l’Yliade Ares 2008 27 x 22. On voit bien ci-dessous que les contours véhiculent de l’énergie. Des flèches montrent sa direction.
Il n’est pas à confondre avec le street artiste Chanoir !
De ses toiles se dégage une énergie irradiante façonnant l’espace jusque dans ses moindres détails que la couleur et les contrastes transcendent. Des forces chaudes et froides se partagent son univers où les corps sont comme habités par des présences magiques. Tout semble relié dans ses peintures et animé par une énergie commune. Le contour n’est pas étranger à cette vitalité sourdissant dans les corps, les animaux et les choses. L’âme du monde paraît mystérieuse comme en quête d’une source hésitant entre la lumière et l’eau. Même le vide est occupé par des lignes, des formes et des contours. La présence paraît être le concept clé des peintures de Jean Chanoir : présence d’êtres, d’animaux et de choses mais aussi révélation de la présence d’une force vitale s’incarnant sous ses pinceaux. L’équilibre du monde émanerait-il de ses tensions ?
– vous intéressez-vous au chamanisme ?
Je ne crois à rien de magique, mais je pense qu’il y a chez les humains une forme d’inconscient collectif , comme l’entendait Jung,qui structure la psyché humaine et fait que finalement, l’art existe (Avez vous remarqué que la Vénus de Milo est en forme de double hélice de l’ADN ?)
A la question posée : vos peintures ont-elles une dimension mystique ? Jean Chanoir nous répond :
» Comme beaucoup de ma génération, j’ai voulu lire un livre de Castaneda, mais il m’est tombé des mains.Il n’y rien de mystique dans ma peinture, mais peut être du spirituel au sens ou l’entendait Kandinsky. je m’intéresse aux mythes, et à leur correspondances Eros et Thanatos, etc…. Quand au vide, on sait depuis la physique quantique que cela n’existe pas. comme beaucoup de ma génération, j’ai voulu lire un livre de Castaneda, mais il m’est tombé des mains.Il n’y rien de mystique dans ma peinture, mais peut être du spirituel au sens ou l’entendait Kandinsky. je m’intéresse aux mythes, et à leur correspondances Eros et Thanatos, etc…. Quand au vide, on sait depuis la physique quantique que cela n’existe pas. ».J.C
Nous lisons des articles sur l’art et internet et rencontrons de nouvelles terminologies qui ne sont pas explicites. Quelles sont les différences entre le Netart et l’art post-internet ? L’apport de nombreux articles trouvés sur la toile nous permettra de faire la distinction entre ces deux formes artistiques bien différentes partageant ce point commun que sont les nouvelles technologies.
« Pas forcément présentes sur le Net ni nécessairement digitales, les œuvres post-Internet peuvent être des sculptures, installations ou performances. Elles se nourrissent de l’influence culturelle des réseaux sociaux, de leur esprit, sans être de l’art dématérialisé, diffusé sur des écrans et exclusivement visible sur le Net (ça, c’est le net art). D’où l’appellation « post-internet », pas toujours simple à comprendre. » (1)
L’art post-internet :
Internet et la boîte de Pandore
« L’exposition intitulée « New Portraits » présentée à la galerie Gagosian de New York, de septembre et octobre 2014, montrant 38 portraits choisis par l’artiste Richard Prince sur Instagram. Ici l’apport de l’artiste se résume à faire une capture d’écran et à ajouter à l’image quelques lignes de commentaires signées – et celui du galeriste de vendre ces « œuvres » pour près de 100 000 dollars. Bien sûr, les intéressés Instagram ne se sont pas vus demander leur avis… » (2)
Comme le Marpat (camouflage numérique) utilisé par les militaires. DIGPAT est un camouflage numérique pour le civil. Idéal pour disparaître dans le Web !!! DIGPAT est un modèle fait avec des images trouvées dans Google. Ce camouflage peut être utilisé pour les vêtements, les objets, les véhicules, … et vous permettra d’être moins visible sur l’image, le scan de rue google ou la photo satellite.
Matthieu Delourme Digpat (Digital Pattern), 2013
Image numérique à partir de Google Image images.
« Voler 1 million de profils Facebook, les filtrer avec un logiciel de reconnaissance faciale, puis les poster sur un site de rencontres personnalisées, triées en fonction de leurs caractéristiques d’expression faciale. Notre mission était de donner à toutes ces identités virtuelles un nouvel espace partagé pour s’exposer librement, en brisant les contraintes de Facebook et les règles sociales ennuyeuses. Nous avons donc créé un nouveau site web (lovely-faces.com) leur rendant justice et leur donnant la possibilité d’être bientôt face à face avec toute personne attirée par leur expression faciale et les données qui y sont liées.
Auteurs: Paolo Cirio et Alessandro Ludovico. » (3)
Les gestes des réseaux sociaux :
« L’artiste An Xiao Mina a imaginé une performance où elle était elle-même confortablement assise au milieu d’une pièce et donnait la possibilité aux visiteurs d’avoir un moment d’échange privilégié avec elle. Le silence ici aussi était de mise ; par contre les visiteurs étaient invités à rentrer en conversation avec l’artiste par messages texto ou tweeter. » (2)
L’artiste met en scène des gestes et moyens de communications contemporains.
« Le 11 mars 2009, de 7h30 à 23h, l’artiste Rachel Perry s’est adonnée à l’exercice presque continu du statut facebook « exprimez-vous » : toutes les minutes de cet intervalle de temps défini, elle a tenté de répondre à la question -anciennement- posée par Facebook dans la barre de statut « qu’êtes-vous en train de faire ? » dans le but de soulever les questions du narcissisme, du voyeurisme et de l’identité comme points nodaux de l’utilisation des réseaux sociaux à l’époque actuelle. » (2)
Performance Twitter de Perry
Utiliser Twitter comme un espace de performance dans le but de capturer la vie quotidienne d’un artiste en cent quarante caractères exactement depuis 2009. (anciennement @rpwelty) @racyperry
En gros, dans l’art post-internet, la production a un aspect matériel et tangible. Les oeuvres ne sont pas exclusivement visibles sur la toile.
Le Net-art :
Les oeuvres ci-dessous ne sont visibles que sur internet …
Depuis 2005, Jonathan Harris récolte sur internet les blogs où des phrases comme « I feel » ou « I am feeling ». « Lorsque le système trouvait une telle phrase, elle était enregistrée en entier et le sentiment exprimé dans la phrase catalogué suivant les catégories suivantes : bonheur, tristesse, dépression etc. Le résultat de ce projet est une base de données de plusieurs millions d’expressions de sentiments humains augmentant de 15 à 20000 entrées par jour. » (2)
« Les visages de Facebook
1,2 milliard d’images de profil Facebook recueillies dans une seule page Web.
« En jouant avec l’API Facebook, j’ai trouvé un bug qui m’a permis d’accéder aux photos de profil de tous les utilisateurs de Facebook, donc je les ai réunis dans une interface simple et je les ai publiés. »Natalia Rojas
On peut se demander si ces oeuvres sont artistiques ou non. Par exemple, sélectionner une image sur Instagram peut-il être assimilé à de l’art ? Quelle différence ferait-on alors avec un ready-made de Marcel Duchamp ? C’est pourtant la définition de l’art qui est au coeur de ces propositions ou du moins sa redéfinition.
Le Post-internet interroge les pratiques concrètes à la lumière de cette nouvelle technologie tandis que le Net-art oeuvre à partir de ses propres codes dématérialisés.
Pour aller plus loin, un site qui relate la genèse de l’art post-internet ici :
Cette séquence a pour objectif la représentation et présentation de la lumière. Elle se décline en 6 séances à la fois d’exploration et de réinvestissement.
Entrée des programmes :
Cycle 3
La représentation plastique et les dispositifs de présentation
La prise en compte du spectateur
Demande N°1 : exploration
Trouver le plus possible de solutions différentes pour représenter une ampoule lumineuse.
Réalisations :
Mise en commun :
Références artistiques :
Icône byzantine avec le fond d’or
La chambre des époux Arnolfini de Van Eyck
La Cathédrale de Rouen de Monet
Demande N°2 : exploration
Choisir une proposition. Chercher le plus possible de solutions différentes pour montrer un contraste saisissant.
Réalisations :
Mise en commun :
Références artistiques :
Le luminisme du Caravage, La vocation de Saint Matthieu
Ernest Pignon-Ernest, Extases
Martial Raysse, Peinture haute tension, 1965
Demande N°3 : exploration
Exposer son travail de plusieurs façons en mettant en valeur les contrastes et la lumière.
Demande N°4 : exploration
Photographier une production. Trouver plusieurs solutions pour amplifier le contraste avec les moyens numériques.
Processed with MOLDIV
Références artistiques :
Evi Keller photographe
Takehito Miyatake photographe des lucioles
Hubert Hamot
Demande N°5 : (réinvestissement)
Avec l’outil numérique faites un gif animé qui montrera une lumière qui scintille de manière poétique.
Possibilité d’adaptation pour le cycle 1 :
prévoir un dessin d’une ampoule. Construire une progression.
Cette séquence peut être adaptées au cycle 1 en proposant aux élèves de travailler avec des lignes, des taches, des traits, etc au lieu de mains par exemple.
Cycle 3 :
La représentation de l’espace et les trois dimensions.
Demande N°1 :
Représenter deux mains qui se superposent de plusieurs façons. Chercher le maximum de solutions.
Mise en commun :
Références artistiques :
Les mains sur les parois des grottes sont appliquées selon plusieurs techniques. La grande majorité sont des mains négatives qui apparaissent au milieu d’un halo de couleur.
Mains en prière, par Albrecht Dürer (1508). L’artiste fait une étude rigoureuse des mains tenues lors de la prière.
Géricault en 1818 fera une autre étude sur les mains et les pieds de manière réaliste. L’ombre portée permet de situer le membre placé au dessus de l’autre.
Escher, grand illusionniste fait le dessin d’une main tenant une boule réfléchissante. On comprend que la main dans le reflet se situe en dessous.
Cycle 1 : Les notions de par-dessous, par-dessus, en avant, en arrière, en dehors, en dedans peuvent être apprises aux élèves.
Demande N°2
Réaliser en grand format deux mains qui se superposent. Trouver un maximum de solutions plastiques pour placer d’autres mains par-dessus et d’autres par-dessous.
Mise en commun :
Demande N°3
Demande N°3 :
Réaliser une production poétique qui répondra à la demande « C’est presque une sculpture de mains ! » en augmentant la profondeur (dessus-dessous) de votre production précédente.
Cette même séquence faite avec des lignes
demande N°1 :
tracer de plusieurs manières différentes une croix.
Demande N°2 :
Faire une croix originale de grande taille.
Demande N° 3 :
Ajouter 3 lignes au-dessus et 3 lignes en dessous …
Le Musée des Beaux Arts de Lyon nous réserve bien des pépites que ce soit dans le département peinture ou celui de sculpture.
Bien souvent, quand nous faisons des recherches sur des sculptures, nous ne trouvons qu’une vue d’ensemble de celle-ci et rarement des points de vue différents. Or la sculpture s’appréhende sous toutes ces facettes. Le but de cet article est d’en montrer la diversité. Pareillement, pour la peinture rares sont les photos qui montrent les cadres de celles-ci. Parfois il est même très difficile de savoir si la peinture est encadrée ou non. Or celui-ci participe à la lecture de la scène. Cet article présente les oeuvres dans leur contexte.
A l’entrée nous pouvons voir une peinture du Pérugin 1496-98, L’Ascension du Christ. Les personnages sont bien campés dans le paysage et leurs pieds épousent parfaitement les reliefs du sol. Mais le tableau reprend la composition classique du Moyen-Âge avec un registre supérieur avec le Christ et un autre inférieur.
La collection de sculptures est remarquable et bien mise en scène. L’Odalisque de James Pradier, est la première oeuvre que nous rencontrons. Sa posture nous intrigue : à la fois de face et de dos. Impossible pour le spectateur de la saisir intégralement. L’odalisque est ainsi fuyante se dérobant au regard des visiteurs. Le voyeur est mécontent alors que l’amateur d’art se régale !
Une autre oeuvre exceptionnelle de Laurent Marquestre, 1848, Persée et la Gorgone. Les deux corps sont mêlées dans de belles perspectives et le vide qui s’empare de la sculpture fait d’elle une prouesse technique.
Persée est le fils de Zeus et Danaé, la Méduse est une des trois Gorgones, monstres ailés au corps de femmes et à la chevelure de serpents. Du sang de cette Gorgone naquit le cheval ailé Pégase.
De Rodin, son Eve de 1881 qui cherche à se camoufler dans ses bras.
Au département peinture se trouvent de magnifiques chefs-d’oeuvre. Nous en montrons quelques-uns.
De Vicenzo Campi, Les mangeurs de ricotta, vers 1580, fromage italien, attire notre attention. Les expressions des visages peuvent faire rire comme l’aspect incongru de la scène.
De Francesco Furini, le spendide Saint Jean l’évangéliste, 1635-236. Le portrait est surpenant et tout est composé pour diriger notre regard vers la manche blanche et le fil contrastant avec le fond sombre. Le rouge a une qualité très profonde et tout dans cette peinture invite à la méditation.
Francisco de Zurbaran, vers 1659 représente Saint François de manière très sculpturale. Le personnage est imposant et semble être figé entre la vie et la mort, comme dans une sorte d’extase.
La Vanité de Nicolas Régnier, est frappante. On peut voir à la fois la face et le dos du personnage grâce au miroir. La peinture rivalise ainsi avec la sculpture notamment celle de James Pradier, L’Odalisque.
L’autoportrait de Simon Vouet est mystérieux : le visage paraît tuméfié, les paupières sont lourdes, le regard sombre. La tête semble comme décapitée car le buste n’est pas représenté. Le portrait jaillit de coups de pinceaux donnés sur la toile au niveau de la collerette.
Cette nature morte (j’ai oublié de prendre le nom de l’artiste ni noté le titre de l’oeuvre) est imposante. Constituée de plusieurs parties, on peut dire que c’est la somme de plusieurs tableaux.
Une petite nature morte de Chardin avec la tranche de poisson bien rouge qui contraste avec le reste du tableau.
Pour finir cette visite, l’étonnant portrait de la folle de Géricault. Le regard est menaçant et nous paraît se diriger vers une dimension qui n’est pas la nôtre. En regardant de près la toile, de facture lisse pour l’ensemble, nous pouvons constater la présence d’un amas de peinture, sorte d’humeur, dans le coin de l’oeil. La peinture s’incarne dans ce petit globule de matière venant perturber l’aspect lisse du portrait.
Je tombe sur un mémoire de M2, Les critères juridiques de l’oeuvre à l’épreuve de l’art conceptuel, de Claire Le Henaff portant sur le droit et l’art. Il se lit facilement et on apprend comment est qualifiée l’oeuvre d’art à la lumière du droit fiscal et du droit civil.
Les juristes sont éprouvés par les formes changeantes et questionnantes de l’art notamment par l’art conceptuel qui revendique le primat de l’idée sur la forme.
Plusieurs pistes sont brossées pour tenter de mieux protéger les artistes avec en autres la perception de l’oeuvre d’art qui pourrait être un critère de qualification de celle-ci.
Ce mémoire montre combien la philosophie et le droit tâtonnent pour définir l’acte artistique. Jusqu’où peut-on aller dans cette qualification ?
La grande difficulté est de protéger l’idée … comment protéger une oeuvre qui échappe à la forme ?
Voici un extrait de la conclusion de ce mémoire de Claire Le Henaff: (la lire in extenso)
« Les œuvres d’art conceptuel font l’objet de nombreuses transactions dans le marché de l’art. Dès lors, il est possible que les tribunaux soient amenés à statuer sur le sort de ces créations et de déterminer si elles sont des œuvres d’art au sens du droit d’auteur. (…) Comme pour ces créations, il serait envisageable, à notre avis, d’intégrer pour les œuvres d’art conceptuel de nouveaux critères de détermination, comme le recours à un faisceau d’indices ou à un droit sui generis. »
On peut se demander si c’est l’art qui fait le droit ou si c’est le droit qui fait l’art ?
L’idée de ce titre n’est pas de moi mais d’un ami Professeur à l’Université de Lyon 2.
Les oeuvres d’art contemporaines sont souvent remarquables par leur impact chez le spectateur. Tout est pensé pour que celui-ci soit immergé en elles. La monumentalité est une réponse possible pour produire une oeuvre remarquable. Des oeuvres gigantesques et titanesques envahissent les villes et les musées bien souvent relayées par les médias.
C’est dans le land art que des oeuvres spectaculaires sont proposées par les artistes. Comme si l’homme voulait rivaliser avec les dimensions de la nature. Des îles sont encerclées par Christo , des bâtiments recouverts de toile et ainsi emballés. Les artistes ne seraient-ils pas mégalos ?
Spiral Jetty par Goldsworthy, une oeuvre spectaculaire dont on ne peut mesurer l’étendue que par une vue aérienne.
Claes Oldenburg propose des objets du quotidien rendus de manière monumentale. Le corps du spectateur est ainsi bousculé par ces nouvelles échelles.
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La sculpture devient une expérience sensible avec Richard Serra :
Anish Kappor avec le Cloud Gate, installe le reflet dans la ville dans une construction complexe.
Kawamata utilise des cagettes pour faire ses installations monumentales. L’architecture devient autre et perd de son historicité avec elles.
Ousmane Saw met en scène ses guerriers sur le Pont des Arts à Paris. La charge de ses sculptures est impressionnante.
Mais il y a aussi la dimension de la mémoire quand on s’intéresse à l’art monumental.
Le verbe latin monere qui signifie « faire penser », « avertir » a donné le substantif monumentum désignant un monument commémoratif doté d’un épitaphe. … Dans les langues sémitiques, le terme de monument désigne la dimension verticale d’une stèle ou d’un obélisque.
La commémoration est aussi au coeur de certaines oeuvres d’artistes. Ainsi, l’installation monumentale de Christian Boltanski Personnes met en scène des objets et éléments qui rappellent la structure des camps de la mort durant la deuxième guerre mondiale.
« Depuis plus de dix ans, Yvelyne Wood dédie son travail à la mémoire universelle des XXème et XXIème siècles. C’est pour la défense de cette mémoire qu’elle crée, fin 2010, une installation intitulée Mémoire en Flammes, qui a donné son titre à une exposition terminée à Paris en février 2011. Quelque mille livres anciens datant de la Seconde Guerre mondiale y sont rassemblés en une improbable tour, en équilibre sur des rails de chemins de fer. A la fois fragile et implacable, ce bûcher sculptural s’impose avec force dans l’espace. » (1)
Le char peint en rose par l’artiste David Cerny est hissé sur un bateau afin d’être transporté dans le centre de Prague pour commémorer le 20e anniversaire du départ des troupes soviétiques de Tchécoslovaquie,
Le Mémorial de l’Holocauste à Berlin est spectaculaire …
Les sculptures du monument des victimes du communisme de Prague : réalisées par Olbram Zoubek (né en 1926 à Prague)
ENTRE CIEL ET TERRE (1996) MONUMENT A LA PAIX De Franck Vialet Dominique Jakob Brendan Mac Farlane Catherine Mosbach
« Deux rampes en pente douce longent chacun des murs de béton disposés en équerre et descendent pour se rassembler dans l’angle qui forme un porche. On accède alors à une sorte de petit théâtre, une « pièce extérieure » dotée d’une scène de bois carrée habillée d’un banc. Des gradins de pelouse dessinent la pente douce, les murs de trente mètres de long se prolongent pour donner l’impression d’un espace qui s’étend vers l’horizon, entre ciel et terre. Cette construction a un aspect volontairement neutre afin de permettre une multiplicité d’usages : méditation, contemplation, célébration, accueil de rassemblements. » (2)
On voit bien que l’engagement des artistes dans l’histoire est profond. La monumentalité peut être à la fois ludique et frivole mais elle peut aussi inspirer de longues méditations ainsi qu’inviter à la contemplation.
Quelques oeuvres molles issues de l’art contemporain.
Voici des références artistiques traitant de la mollesse …
Mais regardons d’abord les Anciens …
Pontormo en 1528 dans sa Déposition montre le corps sans vie du Christ qui s’affaisse. La mollesse gagne la composition de cette oeuvre dont les drapés accentuent l’expression.
Vermeer en 1671 peint La Dentellière, avec de la peinture liquide pour figurer le fil. La mollesse à cet endroit du tableau contraste avec le reste de la toile. Ce contraste permet d’accentuer le réalisme de la scène.
Dali, Persistance de la mémoire
Son autoportrait mou peint en 1941
« Les montres molles sont comme du fromage, et surtout comme le camembert quand il est tout à fait à point, c’est à dire qui a la tendance de commencer à dégouliner. Et alors, mais quel rapport entre le fromage et le mysticisme ? Alors Dalí a répondu une chose sublime, il a dit :« Parce que Jésus, c’est du fromage ». Alors là il y a eu un certain malaise de la part des jésuites, mais comme je suis très jésuitique moi-même, je savais déjà que cette chose c’était saint Augustin qui l’avait dite avant Dalí. Et alors je leur ai cité un psaume de la Bible dans lequel on parle de Jésus en le comparant à une montagne. C’est très long et ça commence en disant :« montus, quamdatus, montus termentatus, montus… », enfin. C’est une série de montagnes toutes lesquelles ont les attributs et les vertus caractérisées et ammoniacales du fromage. Et rien d’autre que saint Augustin, il dit, il écrit textuellement que ce passage il faut l’interpréter que Jésus ce n’est pas une montagne de fromage mais c’est des montagnes, des montagnes et des montagnes de fromage. Et naturellement si c’était Dalí tout seul qui aurait dit que Jésus c’était du fromage, mais si c’est saint Augustin, alors tout le monde est forcé de dire que quand même, c’est pas aussi fou ni aussi paranoïaque que ça. » (1)
Puis la mollesse cesse d’être représentée : elle se présente dans ces oeuvres contemporaines :
Voici des oeuvres de Lee Ufan qui pourront être projetées aux élèves de cycle 1. Les lignes verticales et horizontales occupent la surface de la toile.
Une oeuvre d’art est résistante. Elle ne s’offre pas au premier coup d’oeil. Il faut plusieurs jours voire des semaines et parfois des mois pour arriver à tirer ce fil conducteur qui nous mènera à la sève de celle-ci. Comment peut-on analyser une oeuvre d’art ? Jusqu’où peut-on aller ?
En fin de cet article des documents de l’Ecole Polytechnique de Montréal qui vous aideront à analyser des oeuvres d’art. Ce document peut être projeté aux élèves pour les aider à entrer dans une oeuvre d’art.
Il y a autant d’oeuvres et de postures d’artistes que de personnes. Il y a également autant de personnalités chez les critiques.
Il y a ceux qui voudront imposer leur toute-puissance sur les/leurs oeuvres. Certains artistes n’admettent pas que celles-ci leur échappent.
Comme il y a les artistes qui vont rebondir sur une analyse, renouveler leur pratique.
Une oeuvre ne s’use pas, elle ne fait que s’épanouir avec son exégèse.
Une oeuvre d’art est comme un papier froissé en boule (1) qu’on essaie de déplier pour faire pénétrer du souffle, de l’air à l’intérieur. Il y a des critiques tous-puissants qui voudront aplatir la feuille. Mais même plan, le papier garde la mémoire de ses traces.
Il est vain de croire que les oeuvres d’art contiennent des mystères que l’analyse va révéler.
L’analyse est une « écoute visuelle attentive » de tous les indices qui se nichent à l’intérieur.
L’analyste doit être mû par une volonté de rencontre avec cette oeuvre.
Il n’y a pas d’oeuvres plus faciles que d’autres. Ce sont des entités avec une personnalité, une histoire, un vécu qui tissent des liens avec le monde qui l’entoure mais aussi avec le passé. Une oeuvre est une sorte de carrefour spatio-temporel.
Une oeuvre d’art a une dimension publique et une sphère touchant à l’intimité. Lorsqu’on essaie de dialoguer avec elle, ce sont deux intimités qui se croisent. Le voyeur par exemple confond le public et l’intime. Il n’y a pas de gradation entre ces deux espaces. Une analyse ne doit pas forcer cette intimité qui se livre au regard. L’analyste doit accompagner ce mouvement de l’oeuvre d’art du public à l’intime en retraçant le chemin pour y parvenir. C’est une sorte de maïeutique dont il faut avoir présent à l’esprit les limites. Car en effet, il n’y a pas la présence d’un modérateur.
Et il y a ce moment jouissif, lorsque l’oeuvre d’art cède au discours posé sur elle, et qu’elle devient lumineuse pour celui qui la déplie. Comme avec ce papier en boule qui résiste au premier geste mais qui finit par acquiescer lorsqu’on le déploie avec délicatesse.
L’analyse doit être délicate, sensuelle à la manière d’une danse de couple comme le tango. C’est ce va et vient, ces mouvements entre elle et celui qui l’analyse qui finiront, s’ils sont bien accomplis dans la douceur et le respect, par déterminer une figure.
C’est bien là que se joue l’analyse : quelle figure donner à ce que l’on perçoit ? Quel mouvement insuffler à son discours en fonction de ce qui est perçu ?
Pourtant l’analyse n’est pas percevoir : c’est faire parler des indices concrets présents dans l’oeuvre.
L’analyse est une recréation de l’oeuvre qui a un but : traduire le mouvement susceptible d’être généré chez le spectateur avec la volonté de l’accompagner.
Et, pour avoir eu des retours d’artistes au sujet d’analyses que j’ai pu mener, rien n’est plus encourageant de s’entendre dire qu’ils ont été touchés. En effet, gardons bien à l’esprit que derrière les oeuvres se nichent des artistes avec leur sensibilité.
Les analyses n’existeraient pas sans les oeuvres. Mais il faut avoir présent à l’esprit que l’art tournerait en rond sans l’écho de son analyse.
C’est bien ce qui est en jeu dans les mises en commun avec les élèves : les accompagner pour voir le « dedans » et le « dehors » de leurs productions plastiques et des références artistiques.
Voici une grille permettant de construire une critique d’une oeuvre d’art adaptée à la peinture mais qui peut être appliquée à d’autres formes artistiques avec quelques adaptations:
Manuel Martinez est un peintre à la solide personnalité qui propose des peintures où cohabitent harmonieusement la figuration réaliste avec la planéité de la peinture. Des motifs graphiques viennent perturber l’espace illusionniste. Une touche vibrante côtoie des aplats de couleurs. Des lignes bien dessinées viennent encadrer l’espace de la représentation.
My beautiful Wifi
Dans Controverse, silhouette graphique et personnage réaliste se livrent à un corps à corps tendu.
La figure plane est en relief : en effet la jambe gauche de celle-ci passe par devant le personnage représenté de manière réaliste avec ses ombres et ses modelés.
Dans Narcisse, la pratique du selfie est mise en scène par l’artiste.
Dans Ne vous déplaise , l’artiste mélange des lignes graphiques en noir et blanc avec le modelé du corps.
Martinez a trouvé sa solution harmonieuse pour métisser des systèmes de représentation hétérogènes. La cohérence plastique est atteinte avec ces deux mondes se partageant l’espace du tableau.
Dans La Gabaldina, la référence à Pablo Picasso et Fernand Léger est évidente.
Tirons les rideaux
Purr
Ce qui fait la force de ces peintures c’est l’intrication des plans. Les parties graphiques passent de l’arrière-plan au premier dans des compositions savantes. Le contraste entre les deux systèmes de représentation est à son paroxysme. Les contrastes de couleur renforcent cela.
La note bleue
Vieilles dentelles
Fin prêts
Dans borderline, les deux systèmes volent en éclat.
La relation des figures au format du support est également un axe de réflexion mené par l’artiste. L’espace est peu profond et sa profondeur est donné par l’intrication des figures.
Que représentent le graphisme et la peinture pour vous ?
Je me suis d’abord intéressé au dessin avant de découvrir la peinture. Mes premiers
tableaux étaient très graphiques mais je n’ai jamais dissocié dessin et couleur. Les deux
contribuent au même titre de l’image finale.
Les parties traitées de façon réaliste ne sont qu’un élément de plus qui s’est récemment
rajouté au vocabulaire qui constituait mon écriture.
Chaque nouvel élément qui vient se rajouter est, soit accepté par le tableau, soit rejeté.
S’il est accepté cela donne un nouvel élan à mon travail et une nouvelle piste à explorer
J’avance ainsi, à tâtons dans l’obscurité, de tableau en tableau.
Comment arrivez-vous à mettre en scène les deux ?
J’ai toujours travaillé en mettant en confrontation des choses opposées et ce, depuis le
début. Par exemple, dans mes tableaux plus anciens, une masse noire vient souvent
s’opposer à une masse blanche. A une surface de telle couleur primaire, une autre surface
vient répondre à celle-ci avec la complémentaire. A un aplat vient répondre un modelé. De
la même façon, dans mes peintures plus récentes, à quelque chose de très graphique vient
répondre quelque chose de très réaliste.
Poser le chaos sur la toile en introduisant des choses contraires sur une surface vide et
harmonieuse. Ensuite, tout faire pour l’équilibrer. Ce procédé crée des chocs visuels qui
donnent de la puissance au tableau même une fois l’harmonie retrouvée.
A un certain moment, indépendamment de ce que l’image raconte, le tableau devient
comme une immense équation avec plein d’inconnues que je dois solutionner.
Quelle est votre relation à l’oeuvre de PIcasso ?
Ma peinture s’est nourrie de toutes les images que j’ai aimées et bien sûr, celles de Picasso en font partie.
Nous sommes nés tous les deux dans le même sud andalou. Il y a un esprit espagnol dans toute son œuvre.
Loin de moi l’idée de me comparer à lui, mais force est de constater que cet esprit latin, je le ressents fortement aussi chez moi.
Je comprends sa sensibilité, sa façon d’appréhender l’acte de peindre ainsi que son obsédante boulimie de remplir, de laisser sa trace.
« Donnez moi un musée et je le remplirai » J’aime bien cette phrase de lui ( sourire)
Martin Whatson est un graffeur original. Il accomplit le mariage subtil des signes graphiques avec la représentation. Les deux systèmes cohabitent dans une composition harmonieuse.
Le principe est simple : les éléments du graf sont en couleur et la représentation qui organise le tout en noir et blanc. Un subtil mélange entre des pochoirs sobres et monochromes et l’énergie explosive et colorée d’un amoncellement anarchique de graffitis…
La pulsion de peindre et d’écrire est contenue dans une composition qui organise le tout.
Le contraste entre le peindre et le représenter est marquant : le geste dans le graffiti est ample et plus contenu dans ce qui est dessiné, représenté.
La couleur et la force du graphisme, le mouvement des graffitis donnent de la vie aux personnages peints en noir et blanc.
Dans cette peinture, la jeune fille n’a pas de perspective devant la fenêtre ouverte. Celle-ci est inversée : la couleur est présente sur le mur qu’elle ignore. C’est une nouvelle adaptation du tableau de Dali, Femme à la fenêtre.
Martin Whatson est un artiste norvégien. Pendant ses études d’art et de design graphique à la Westerdals School of Communication d’Oslo, il découvre les pochoirs et la scène artistique urbaine.
Il y a à chaque fois une présentation de la genèse de l’image : de la coulure à la représentation en noir et blanc, l’image s’incarne devant nos yeux. Mais la représentation selon le point de vue du graffeur ne peut recevoir la couleur principe de vie du graffiti. Le graffiti est présenté comme étant la suite logique de l’histoire de la peinture, son dénouement.
Ce qui est dommage avec les images trouvées sur internet, c’est que nous ne voyons pas tout le temps la nature de la relation de ces propositions avec le reste de l’environnement.
Or cet artiste compose avec l’urbain comme le montre cette photo :
Dans cette autre prise de vue, la forme du mur donne le cadre avec l’intervention . de l’artiste :
Le graffiti a une histoire. Les oeuvres de Martin Whatson sont inspirées par celles de Jose Parlà qui a collaboré avec JR.
Mais il y a également un lien avec celles de Banksy.
Tjalf Sparnaay , peintre néerlandais, réalise des peintures hyper-réalistes. La facture est nette avec d’infinis détails.
Se définissant lui-même comme membre du mouvement « Méga-réaliste », Sparnaay exécute ses oeuvres avec une minutie incroyable.
Des peintures qui donnent faim !
Un petit dessert ?
Les peintures sont léchées pourrait-on dire. Mais la surenchère de détails finit par nous écoeurer.
N’est-ce pas ce qui se produit quand on mange trop de hamburgers ou des pâtisseries ? Serait-ce un moyen de mettre en scène l’attraction/répulsion de la restauration rapide et la mal-bouffe américaine ?
Mais il représente également des plats cuisinés avec autant de brio.
Ses peintures sont de très grands formats et il travaille avec un pinceau très fin comme le montre cette photo. Les peintures sont exécutées millimètre après millimètre.
Il n’est pas facile de trouver des références artistiques sur le thème de l’empreinte. Les deux références qui reviennent le plus souvent sont les empreintes préhistoriques et les Anthropométries d’Yves Klein. Nous avons fait les recherches pour vous.
La préhistoire :
« Pourquoi ces traces de mains sur les parois des grottes ?
Comme pour l’art préhistorique en général, la question du pourquoi s’applique également aux mains préhistoriques. Suivant les études et les chercheurs, plusieurs théories ont été avancées sans qu’une seule ait vraiment réussi à s’imposer (l’Art pour l’Art, le pouvoir magique, le structuralisme, le chamanisme). Pour qu’une théorie s’impose, il faudrait des preuves. Nous sommes ici dans une recherche de raisons intellectuelles qui auraient poussé des hommes, il y a plus de 20 000 ans, à imprimer leur mains sur des parois. C’est un véritable défi que de se mettre à leur place. Dans nos sociétés actuelles la main symbolise des idées fortes de communication, d’accueil, de signature… Or, quand nous regardons ces mains représentées, nous pouvons difficilement nous extraire de notre contexte et nous projeter au Paléolithique ! » Suite ici: http://www.hominides.com/html/art/main-prehistoire.php
Gyotaku.: L’art traditionnel japonais de l’empreinte de poisson : Un art qui remonterait au milieu du XVIIIè siècle, et qui aurait servi aux pécheurs à garder traces de leurs prises pour les comparer, avant de devenir un art à part entière. Cela consiste essentiellement à peindre sa prise puis à y coller une feuille de papier, qui en reçoit l’empreinte. Certains y ajoutent ensuite des couleurs, des ornementations ou des signatures.
Les Anthropométries d’Yves Klein, la femme nue est utilisée comme un pinceau. Elle est réduite à un état d’objet utilitaire.
Jasper Johns « Study for skin » est une empreinte sur papier de son visage enduit d’huile, puis saupoudré de graphite.
Judith Braun en action : excellente technique pour faire travailler aussi la symétrie !
Diamond dust au Chrysler Museum of Art, Norfolk, VA, février 2012-janvier 2013
FINGERING #4, dessin au charbon avec les doigts sur un mur, 10’x15′ ft, 2010
Après le monde végétal, ce qui inspire Penone c’est le corps humain et son empreinte.
→ L’empreinte MONUMENTALE de sa bouche dans « Spine d’acacia ». Sur une immense toile, recouverte de soie, Penone a disposé des milliers épines d’acacia retraçant tous les détails de ses lèvres.
Toujours de Penone, des empreintes de pierre
Arman, Statuette et trace sur papier, dans une boite en Plexiglas. Série partiellement détruite
SALAH EDDINE LAOUINA qui représente des empreintes dans ses toiles.
Bryan Nash Gill, un artiste américain a ainsi sorti une série intitulée «Woodcuts», où il a imprimé l’empreinte de troncs d’arbres sur des feuilles. Le résultat est surprenant et hypnotique.
Olivier Terral réalise des toiles avec des empreintes de doigts. Le portrait est littéralement digitalisé !
Toujours d’Olivier Terral, un paysage de centrales nucléaires à base d’empreintes :
Le photogramme :
Un photogramme est — en photographie — une image photographique obtenue sans utiliser d’appareil photographique, en plaçant des objets sur une surface photosensible (papier photo ou film) et en l’exposant ensuite directement à la lumière.
Christian Schad,
photogrammes
Pour les séquences abordant la question de l’empreinte : ne pas hésiter à changer et faire varier les outils et les supports !