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Le mur dans l’art

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Le confinement est un rapport au mur. Voici des oeuvres pour renouveler notre approche de cette privation de liberté de circuler.

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Le mur

Texte sans les illustrations :

Le mur dans l’art

 

Le mur est un objet important dans l’histoire de l’art. De la préhistoire à l’art contemporain, le mur est le lieu privilégié de l’expression artistique. En tant que limite, il ferme et ouvre à la fois l’espace artistique. Il engage le regard vers des possibles ou au contraire le replie sur lui-même. Le mur pourrait être la métaphore plastique du sujet.

 

Le mur revêt différentes fonctions : du mur-objet au confinement, sa nature n’est pas la même. Percé, il démarque deux espaces différents. Aveugle, il referme l’espace sur lui-même. Entre-deux ou point de non-retour, le mur est paradoxal, riche, vivant. Masque sur le visible, il peut redonner vie au passé, il devient témoin et siège de la mémoire. Il sait également endosser la figure du musée, du lieu d’exposition.

 

En ces temps difficiles de confinement, le mur est le lieu de toutes les projections, de toutes les angoisses. Quelles nouvelles perspectives les artistes interrogeront-ils avec le mur devenu aujourd’hui à la fois rassurant et oppressant ? Quelle sera la figure du mur après la crise du coronavirus ?

 

Nous allons dans cet article observer les déclinaisons du mur dans l’art avec différentes facettes aussi diverses que sensibles. Peut-être pourrons-nous dégager ce qu’il incarnera avec courage, force et douleur demain.

 

 

Le mur frontière :

On connaît l’histoire de la muraille de Chine, du mur de Berlin ou de celui qui sépare Israël de la Palestine. Le mur frontière ou barrière divise, scinde, découpe le social ainsi que le visible. Il sépare tragiquement les populations et défigure le paysage en lui infligeant sa terrible cicatrice. Banksy, engagé et politique est parti en 2005 sur ce dernier site et a déposé ses graffitis sur le mur séparateur. Des enfants jouent devant le mur et derrière eux, Banksy opère une réconciliation possible. Les deux territoires sont reliés par l’art et le propos de l’artiste. L’art a ce pouvoir de réduire les frontières et de rendre l’union des peuples possible.

 

Dans « Personne » de Christian Boltanski, un mur de caisses de biscuits rouillées sépare et annonce le lieu d’exposition. Le mur a sa matière brute et souillée par le temps.

 

Le mur support, matériau :

Le mur par excellence depuis la nuit des temps est le lieu d’exposition des peintures. Mais le mur dans les musées rebute toute une catégorie d’artistes qui militent pour un art vivant, plus proche de la population. Le street art explore le mur comme support créant des liens avec les passants. « Charles Simonds choisit quant à lui d’imaginer qu’il existe, à l’intérieur des lézardes, dans la profondeur des parois, des peuplades minuscules et nomades : celles des « Little People » auxquelles l’artiste donne vie en 1970 en inventant une véritable mythologie les concernant », Marie Escorne. Le mur n’est plus une surface plane mais est bien doté d’une épaisseur que l’artiste explore, investit, met en lumière. Le changement d’échelle questionne le corps : le spectateur se sent monumental, géant face à ces petites constructions nichées dans le mur. Ce mur disparaît : il devient un lieu prenant vie, il devient ville. Celui qui séparait devient générateur de liens. Le mur a un corps, un ventre, une chair.

Le mur traces :

« A partir du début des années 1930, Brassaï le photographe arpente les quartiers populaires, Belleville, les Halles, dans une moindre mesure le Quartier Latin et les alentours de la place d’Italie. On y trouve encore alors des murs en plâtre faciles à entamer.

Ils sont parfois altérés simplement par le temps et les éléments. Ces murs défraichis attirent déjà l’attention du photographe et il y laisse courir son imagination. Rapprochant son appareil photo, il nous y fait voir des formes humaines ou animales. Ainsi une bande sinueuse décrépite sous une plaque de gaz devient une silhouette de femme. » FranceInfo

https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/photographie/brassai-fait-vivre-les-murs-avec-ses-graffiti-au-centre-pompidou_3377107.html

 

Le mur comme rideau :

Les œuvres d’art du Moyen-âge et cela jusqu’aux débuts de la Renaissance proposent des scènes qui se déroulent devant un mur symbolique fermant l’espace de la représentation. Le mur a une fonction : il resserre la contemplation sur la scène représentée. L’œil ne peut pas être distrait par les confins de l’horizon. Il a une fonction pédagogique dans le visible : il oriente le regard vers le devant.

 

Percer le mur :

Le mur à La Renaissance disparaît pour laisser place à des paysages et des précieux lointains. La nature est à l’unisson de la scène représentée. Les paysages contribuent à mettre en évidence la scène peinte : par exemple dans la Joconde de Léonard de Vinci, le paysage enveloppe la jeune femme et lui donne un caractère monumental. Dans le double portrait de Piero della Francesca, les deux profils sont représentés sur fond de paysage : celui-ci représente l’étendue de pouvoir du Duc de Montefeltre.

Dans « De pictura » de 1435, Alberti rédige un traité sur la peinture. Au début de son travail, le peintre doit tracer un cadre qui sera pour lui « comme une fenêtre ouverte sur l’histoire ». Le mur est percé et laisse passer la manifestation du visible. L’art est illusion : les scènes se déroulent comme si elles étaient vraies. Le mur devient transparent et ouvert sur le monde.

 

Le mur objet:

Emmanuel Tussore. Walls in Study for a soap. 2017.

L’artiste a érigé ce mur pour protester contre le drame Syrien. Réalisé en savons d’Alep, ce mur est un objet d’art. Le mur a des jours comme pour suggérer les bombardements. Mais à regarder de près, plus on se lave, plus le mur disparaît. Dans cette proposition, l’hygiène est le remède contre la guerre. Cela ne nous renvoie-t-il pas à la situation actuelle ?

 

Le mur témoin : pignon

Le mur a des oreilles ! Nous connaissons bien ce vieux dicton. En effet, tout autour de nous, les murs veillent sur notre quotidien. Ils en sont les témoins passifs et silencieux. Ernest Pignon Ernest fait des murs les témoins actifs du quotidien urbain.

« En 1995, de retour à Naples, Ernest Pignon-Ernest découvre que la chapelle a été murée et apprend que l’une des deux « veilleuses » (Antonietta) est décédée. Il décide alors de faire son portrait, en s’aidant d’une photographie prise en 1990, et de coller ce nouveau dessin sur le mur ayant quelques années plus tôt servi de support à la représentation de la Vierge inspirée du Caravage, dont on dit qu’il avait pris pour modèle une femme du peuple et même une prostituée.

(…)Le présent et le passé se rencontrent dès lors sur ce mur qui semble avoir d’une certaine façon « enregistré » la présence de cette femme humble qui passait ses journées entières au même endroit, si bien que son image est devenue pour les habitants indissociable de ce lieu. Collé la nuit, alors que la ville est endormie, le portrait d’Antonietta apparaît d’ailleurs de façon presque magique, un peu comme si ce double, ce fantôme, avait surgi de lui-même à la surface du mur ayant retenu une part de l’ombre d’Antonietta. » Marie Escorne. « Plus tard, lors d’un voyage, j’ai remarqué qu’il n’y avait plus le dessin, plus la vieille Antonietta qui passait ses journées là depuis des décennies. J’ai appris qu’elle était morte. Comme j’avais une photo de mon dessin avec la dame à côté, dans la nuit je l’ai dessinée où elle était tous les jours et j’ai collé le dessin. C’est devenu une image presque sainte. » Ernest Pignon-Ernest.

 

Le mur qui relie :

JR en 2005 puis 2007 se rend dans la région israëlo-palestinienne. Il réalise de gigantesques autoportraits « Face to face ». « Le projet Face2Face consistait à faire des portraits de Palestiniens et d’Israéliens faisant le même métier et de les coller face à face, dans des formats géants, à des endroits inévitables, du côté israélien et du côté palestinien, pour qu’enfin, chacun rie et réfléchisse en voyant le portrait de l’autre et son propre portrait. »JR. Le mur devient le lieu de la paix et de la réconciliation. JR explique comment les autochtones ont reçu les portraits en essayant d’identifier qui est palestinien et qui est israëlien.

https://jr-art.net/fr/projects/israel-palestine

 

Le confinement : Naumann

On entre dans un pièce banche assez réduite et on entend une rumeur sourdre dans cet espace. Cette rumeur tourne en boucle : on dirait comme un murmure traversant les murs. On se rapproche du mur et là en collant les oreilles aux murs on distingue nettement l’artiste invectiver « Get out of my mind, get out of this room ». L’artiste est confiné dans cette pièce étouffante et oppressante. Chambre d’isolement certainement, chambre de contention. Les murs parlent avec une voix grave et lancinante.

Cette installation ne sera plus vue dorénavant comme avant : le public revivra avec force les conditions de son confinement.

https://vimeo.com/20309228

 

Le mur comme nous l’avons vu recouvre tout un champ de possibles. Les artistes à l’avenir vont sûrement nous proposer d’autres visions de celui-ci. Nous verrons certainement des réalisations témoigner de cette tragique expérience que nous menons tous en ce moment. Murs de l’incompréhension, murs familiers qui deviennent parfois monstrueux avec la solitude, murs barrière, murs opaques, murs de la prostration, ils agissent avec force sur notre psychisme mais ils peuvent devenir le mur de la méditation, le mur des lamentations, le mur des projections de nos rêves ou quelque chose d’hybride et d’hétérogène ayant à voir avec tout cela. Pourquoi ne pas proposer à nos élèves des écoles et de collège de faire une production les amenant à réfléchir ensemble sur le statut de leurs murs ?

 

 

 

 

Le plafond dans l’art

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Un article consacré au plafond et ses différentes formes dans l’art.

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plafond

Le plafond dans l’art

En cette période de confinement, nous allons avoir du temps pour contempler nos plafonds. Blanc, lisses, devant se faire oublier, il s’étend sur nos têtes. Pourtant de nombreux artistes ont réalisé des plafonds aussi riches que variés. Peints, sculptés, fait de matières ou en trompe-l’œil, les plafonds témoignent de l’ingéniosité des artistes. De la Chapelle Sixtine par Michel-Ange au plafond de Miquel Barcelo aux Nations Unies, les plafonds deviennent des œuvres d’art à part entière : des œuvres qui dilatent l’architecture, des plafonds oppressants, des plafonds qui invitent à la contemplation, d’autres qui font voler en éclat l’architecture. On se rend compte qu’avec ces plafonds plastiques, c’est l’ensemble de la pièce qui se perçoit différemment.

 

On pourrait imaginer une séquence avec des élèves de 3ème consistant à modifier la perception du plafond de leur chambre. N’est-ce pas leur proposer de défier le confinement en leur demandant de réaliser la maquette de leur chambre (réaliste) où le plafond changera radicalement la perception de cette pièce ?

 

 

Le plafond céleste la Sainte Chapelle Paris

Le plafond et les murs parés de vitraux sont dans un même prolongement. L’idée est de transporter le spectateur vers la contemplation et la méditation sur le divin. Les piliers s’élancent jusqu’au ciel dans la même continuité. La voûte céleste met en valeur les vitraux.

La lumière réelle passe à travers les murs de verre tandis qu’une lumière suggérée, divine, sacrée, virtuelle est incarnée par le plafond bleu parsemé de fleurs de lys offrant au regard sa constellation d’étoiles.

 

Le plafond à caissons

Un plafond à caissons est en architecture un plafond, un soffite ou une voûte couvert ou construit avec des compartiments disposés de façon régulière (généralement en forme de grille orthogonale). Les formes géométriques usuelles sont le carré, le rectangle et l’octogone.

 

Le plafond à histoires Michel-Ange, Giotto

Giotto a peint au XIIIème siècle la Basilique Saint François d’Assise. Les murs relatent l’histoire de Saint François et le plafond est peint en bleu afin d’assurer une continuité entre les murs et celui-ci. Le plafond est en harmonie avec les scènes représentées.

Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine fait du plafond une surface à histoires. Les parois des murs et le plafond sont dans la même continuité : ils se répondent et se mettent mutuellement en valeur. Le spectateur est happé par la peinture. Son corps tout entier est sollicité par l’œuvre d’art. Le thème central en est la Genèse. Ces représentations impressionnantes, qui démontrent une parfaite maîtrise de l’anatomie humaine et du mouvement des corps, ont radicalement transformé la peinture occidentale. La scène de La Création d’Adam a acquis une renommée universelle.

 

Le plafond illusion Pozzo

Le plafond épouse l’architecture qui a tendance à se faire oublier. Tout est mis en scène pour amener le spectateur à contempler la scène divine qui converge vers le centre de la pièce. Drapés, mouvement des corps, postures : tous les éléments tendent vers le point le plus haut de la pièce.

 

Percer le plafond Mantegna, La chambre des Epoux, Mantoue

Mantegna débuta les travaux par le plafond qu’il orna d’une riche décoration à l’antique en faux stucs sur fond d’or. La voûte provoque une autre illusion : son centre est ouvert par un oculus, prise d’air et de lumière en trompe-l’oeil inspiré de celle du Panthéon de Rome, entourée d’une balustrade depuis laquelle des anges, des hommes, des femmes, un paon regardent vers le bas de la pièce, nous donnant l’illusion d’être au fond d’un puits assez profond. Le plafond est percé par la peinture et l’illusion.

 

Le plafond matière Barcelo, Jan Fabre

Avec Barcelo, le plafond devient support de peinture projetée, matière picturale. Des stalactites de peinture colorée irradient le plafond. Le plafond de Barceló est si vaste qu’on ne peut pas en avoir une vision d’ensemble.

Jan Fabre quant à lui, colle des scarabées sur le plafond. Une des œuvres les plus célèbres de Jan Fabre est le revêtement du plafond de la salle des Glaces du Palais Royal de Bruxelles, inauguré en octobre 2002 par les souverains, qu’il a recouvert de 1,4 million de carapaces de scarabées.

La lumière joue sur les nuances irisées des ailes éveillant des tonalités bleu vert venues des profondeurs sylvestres.

 

Le plafond jardinières : Les Communs, avec l’installation lumineuse de Pedro y Juana Photo: Peter McCullough © MCA Chicago

Pedro y Juana suspendent des lustres et des jardinières dans cet espace plastique. La nature a envahi le plafond avec ces suspensions. Le rapport au plafond est modifié : le sol est propulsé dans les hauteurs.

 

 

Le plafond renversé : Carsten Höller, Upside Down Mushroom Room, 2000, « Livres suspendus »Entrée du Musée d’Art Moderne d’Istanbul – Turquie

Carsten Höller dispose de gigantesques amanites tue-mouches au plafond. Le rapport au corps est modifié : le plafond devient un sol céleste. La taille monumentale des amanites crée un rapport particulier avec le spectateur qui se sent plus petit et comme écrasé par ces champignons vénéneux. Le public se sent un peu comme Alice dans Alice au pays des merveilles…

Snake Ceiling, 2009, Ai Weiwei, Beijing

Un serpent s’est approprié l’espace du plafond. L’utilisation du plafond invite le spectateur à lever la tête.

 

 

Le plafond ce 5ème mur Haring Kusama

Keith Haring dessine sur les murs et plafonds ses caractéristiques personnages : murs et plafonds sont dans le même prolongement. Le spectateur perd sa perception du volume dans cet espace : tout est dans la même dimension.

Même procédé avec Yayoi Kusama qui met en immersion le spectateur dans ses installations. Elle propose un environnement plastique et coloré.

 

Tout sauf un plafond plat Gehry

L’architecte crée des formes organiques et courbes bien souvent. Pas de plafond plat dans ses productions. La forme est sculpturale : le spectateur est happé par le volume des pièces et leurs plafonds.

 

 

 

Voyager dans sa maison

Un cocon antivirus

Reportage sur le Coronavirus


La fenêtre dans l’art

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Voici un article traitant de la fenêtre dans l’art. Il montre les différentes fonctions de la fenêtre dans la représentation, au niveau spatial et plastique.

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La fenêtre dans l'art (1)

La fenêtre est un objet largement exploité par les peintres car elle permet de mettre en scènes deux espaces : l’intérieur et l’extérieur. Beaucoup d’artistes se sont penchés sur cette qualité absolue de la fenêtre : un démultiplicateur d’espaces. La fenêtre montre, sépare, relie, pointe, encadre, entoure, ouvre et divise, etc. Elle connaît plusieurs fonctions que les peintres ont largement soulignées tout au long de l’histoire de l’art.

Figure du divin, elle laisse passer à travers ses carreaux de douces et métaphoriques lumières.  C’est elle aussi qui crée un lien tout en séparant le dedans du dehors. De la Renaissance à l’art contemporain, elle enrichit l’espace qui devient multiple, hétérogène.

La fenêtre comme le miroir permet de fractionner l’espace représenté : tout comme lui, elle permet d’insérer un cadre dans le cadre. Cette mise en abyme incruste des vues dans des vues, enrichit l’Historia. Ces ouvertures engendrent des percées dans le visible : le regard est invité à l’errance, se promène dans l’espace tantôt du dedans, tantôt du dehors. Deux mondes cohabitent harmonieusement.

La fenêtre est aussi un objet de questionnement dans l’art contemporain : elle s’expose pour elle-même dans des installations. Les artistes nous font contempler ce qui jadis invitait à la contemplation. Il ne s’agit pas ici de faire l’inventaire d’un maximum de références sur la fenêtre mais de dégager quelles sont leur rôle dans l’œuvre produite par les artistes.

 

La veduta : Renaissance :

La fenêtre est un thème cher et nouveau à la Renaissance. Dans son De Pictura, en 1435, Alberti écrit « Je trace sur la surface à peindre un quadrilatère qui sera pour moi comme une fenêtre ouverte sur le monde. » Souvent les peintres représentent un intérieur avec une ouverture sur le dehors. Cette percée dans le mur est une « veduta » en italien qui veut dire vue. Hans Memling  dans le- Retable de Martin Nieuwenhove 1487 – Musée Memling, Bruges « Vierge à l’Enfant », panneau gauche du diptyque, représente un dedans et un dehors. Le regard n’est pas enfermé dans la pièce mais peut s’échapper à l’horizon. La couleur rouge est la dominante de l’intérieur tandis que le vert, la complémentaire, occupe l’espace extérieur. Le sacré et le profane cohabitent dans le diptyque ainsi que l’éternel figuré par la Vierge et l’enfant et le temporel avec la nature de l’extérieur.

Ghirlandaio dans Le vieillard et l’enfant de 1490 peint un contraste de temporalité inverse : le vieil homme et le jeune garçon montrent le côté temporel de l’existence tandis que le paysage lui, ne vieillissant pas incarne plutôt l’éternel.

 

 

La fenêtre métaphore du divin : Vermeer

La fenêtre laisse passer la lumière. On pourrait dire que c’est une métaphore du divin et de l’incarnation. Vermeer dans La Laitière du XVIIème siècle représente une jeune femme versant du lait dans une jatte. La lumière douce et tamisée baigne dans la pièce. C’est une lumière sacrée et la scène représentée nous explique de façon métaphorique la conception de Jésus.

 

La fenêtre comme dialectique de l’espace pictural : Matisse

La peinture célèbre de Matisse La desserte rouge montre une femme dans son intérieur. La nappe posée sur la table et la tapisserie sur le mur comportent les mêmes motifs. Cela donne une continuité spatiale et a pour conséquence d’aplatir l’espace. Les tons de rouge sont vifs. Une ouverture sur la gauche laisse entrevoir la nature extérieure dans toute sa splendeur. Les couleurs du jardin sont dans des nuances de vert qui contrastent avec le rouge de l’intérieur. Ce contraste de complémentaires est à son paroxysme.

 

La fenêtre comme division de l’espace : Agnès Fornell

L’image est constituée de six parties formant un tout. C’est bien là le pouvoir de la fenêtre de séparer et de relier.

 

La fenêtre comme illusion spatiale : Magritte

La peinture de Magritte représente une fenêtre donnant sur une vue d’un bâtiment. Les deux espaces intérieur et extérieur ne sont pas à la même échelle. La vue est surréaliste. Magritte bouscule les aspects illusionnistes de la peinture. La facture est précise et réaliste mais les échelles sont incompatibles ce qui donne un côté étonnant à la scène.

 

La fenêtre comme mise en abyme : Magritte

Dans cette autre peinture de Magritte on voit une toile d’un paysage placé devant une fenêtre. Cette toile représente le même paysage que celui extérieur. Ce paysage dans le paysage est une mise en abyme. Magritte montre les coulisses de la peinture réaliste et en trompe l’œil. Non seulement le tableau intérieur cache et révèle indissociablement le paysage qu’il donne à voir; non seulement le paysage donné à voir n’est pas un paysage réel; mais encore le tableau global dissimule sa nature de tableau au bénéfice de ce qu’il représente, tout en demeurant bel et bien réel, chose entre les choses. Nouvelle ambiguïté, même paradoxe!

 

 

La fenêtre comme cadrage : Hopper 1957 Western Motel

Le bâtiment découpe la scène en deux espaces : celui du bâtiment intérieur et celui du paysage. La fenêtre forme une sorte de cadre décalé plaqué sur le dehors. La perspective avec ses obliques encadre l’extérieur. C’est une sorte de mise en abyme avec deux vues qui s’incrustent l’une dans l’autre comme c’est le cas dans la peinture de Magritte. (Une vue dans une vue). La jeune femme est seule dans sa chambre d’hôtel et elle n’a que le paysage pour se distraire. C’est une peinture montrant un confinement.

 

La fenêtre comme objet : Duchamp

Marcel Duchamp connaît bien l’histoire de la fenêtre dans l’art ouvrant sur l’extérieur. Il choisit de montrer cette fois-ci une vraie fenêtre mais avec des vitres occultées n’ouvrant sur rien. L’objet n’est plus cette ouverture sur le monde et ne renvoie qu’à lui-même.

 

La fenêtre comme matériau : Shiota

A Room of Memory [21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa, Chiharu Shiota, 2009.

La fenêtre est devenue un matériau pour cette installation. Elles forment un volume dans lequel est disposée une chaise. Ce sont les « murs » de l’installation. Dans la normalité, les fenêtres sont une percée dans le mur alors que dans l’œuvre de Shiota, elles deviennent parois, murs.

 

 

 

 

Vide Plein

La main dans l’art

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Un article sur les différentes facettes de la main dans l’histoire de l’art.

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la main dans l'art

La main dans l’art :

La main est l’instrument avec lequel les artistes composent leurs œuvres d’art. Elle est à l’origine de toutes ses manifestations. Non contentée par ses missions artistiques, elle cherche à s’imposer dans le paysage plastique de tous temps. Sujet, objet, matériaux, trace, outil elle s’invite dans la scène artistique avec toutes ses facettes.

Plastique, c’est un exercice de style pour les peintres et sculpteurs. En effet, un tableau peut être ruiné si les mains ne sont pas assez anatomiques et précises. Aux Beaux-Arts autrefois, les étudiants suivaient des cours de dessin anatomique et la main était à l’étude.

 

La main peut être tendre, dure, en colère ou sévère avec le poing levé, elle exprime bien des émotions. Elle est expressive. La main délivre des messages codés en fonction de sa position avec ses doigts. Elle est loquace et délivre de savants discours : le langage des signes en est un exemple.

 

Dans cet article nous verrons les différentes postures que la main occupe dans la scène artistique.

La main comme outil :

Les hommes préhistoriques ont poché des mains sur les parois des grottes. Les mains sur les parois des grottes sont appliquées selon plusieurs techniques. La grande majorité sont des mains négatives qui apparaissent au milieu d’un halo de couleur. Nettement moins nombreuses, on trouve également des mains positives, rappelant les empreintes de couleur que tout le monde a pu réaliser pendant son enfance. La dernière technique utilisée, la plus rare, est celle de la main gravée dans la roche. La main est un outil.

Gabriel Orozco, artiste mexicain, « Mes mains sont mon coeur « . L’art est une forme de massage cardiaque, essentiel pour rester en vie : la forme dégagée de l’argile avec les mains a une forme de cœur.

La main comme symbole :

Chez les Juifs, la Hamsa est un symbole écartant les forces du mal.

La main de Fâtima, du nom de la fille préférée du prophète Mahomet, symbolise dans la tradition, la place de la femme et est un talisman censé écarter le mal. La main devient un symbole et désigne autre chose qu’elle-même. Elle est souvent stylisée et ornementée.

La main comme  signe :

La main (du latin : manus, « côté du corps1 ») est l’organe préhensile effecteur situé à l’extrémité de l’avant-bras et relié à ce dernier par le poignet. C’est un organe capable notamment de saisir et manipuler des objets. Chez l’Homme, la main est un organe extrêmement développé et important, elle dispose d’une palette d’actions très large. Elle aussi doté de significations et est capable de communiquer, pensons au langage des signes des mal-entendants.

Dans l’art byzantin les positions des mains des saints et de la Vierge ou du Christ avaient différentes significations. Les mains levées vers le haut ou bien jointes devant le corps sont utilisées par les croyants pour prendre une posture de prière.

Le Christ Pantocrator est une représentation privilégiée de l’art byzantin qui montre le Christ en buste, tenant le livre des Saintes Écritures dans la main gauche et levant la main droite dans un geste d’enseignement codifié qui invite à la vie éternelle.

La main comme sujet :

Escher, grand illusionniste fait le dessin d’une main tenant une boule réfléchissante.

Parmesan fera son autoportrait avec sa main mise au premier plan afin de montrer l’importance de celle-ci

La main comme détail :

Mains en prière, par Albrecht Dürer (1508). L’artiste fait une étude rigoureuse des mains tenues lors de la prière.

Léonard de Vinci lui aussi étudiera avec précision les parties formant les mains avec leur volume, ombres et lumière.

Michel -Ange, dans la Création D’Adam, va peindre des mains devenues célèbres ayant fait la notoriété d’une marque de café.

Géricault en 1818 fera une autre étude sur les mains et les pieds de manière réaliste.

Rodin immortalise une main de pianiste: on voit bien la note que le musicien est en train de jouer.

La main comme  témoin :

Les mains photographiées par Jean-Philippe Beux ne montrent pas que les déformations professionnelles. Tout comme la photographie, elles sont le reflet, de nos caractères, de notre histoire, de nos vies. Elle contiennent à la fois notre passé et la projection de notre f…

La main comme  matériau :

Choi Xoo-Ang, des mains pour former des ailes d’un ange

La main comme  monument :

Louis Blanc, photographe qui montre des sculptures faites avec les mains: (merci à notre collègue Iatice de Lyon, Patrick Orsini qui nous a indiqué cette référence)

La main comme  échelle :

Plus tard, César fera du pouce une sculpture gigantesque avec un grand changement d’échelle:

Mario Irarrázabal. avec ses mains gigantesques, artiste chilien cherchant la démesure.

Christine Lucas, dans Alice, montre également une sculpture gigantesque d’une main d’une femme sortant d’un monument en Espagne:

Liu Bolin réalise un poing géant. Cette statue de 3,60 m de haut et pesant plus de 7 tonnes a été exposée fin mars sous la nef du Grand Palais, dans le cadre du salon Art Paris, dont la Chine est l’invitée d’honneur.

La main comme mémoire et temps :

Giuseppe Penone installe des mains en bronze sur des arbres qui continuent de pousser laissant ainsi apparaître les traces de la présence de celle-ci dans l’écorce.

La main comme  support :

La main servant de support pour des effets hyperréalistes: Guido Daniele

Lien vers d’autres thématiques :

 

 

 

 

Le papillon

L’espace dans l’art

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La maîtrise de l’espace et de ses représentations a été et est encore un sujet phare dans l’histoire de l’art. Elle a permis de grandes avancées notamment dans les arts de la guerre jusqu’à la modélisation numérique à laquelle nous assistons aujourd’hui. L’espace est un enjeu majeur. De sa représentation jusqu’à son intrusion dans l’oeuvre, l’espace est une question fondamentale à laquelle se heurte tout artiste de toutes les époques.Les différentes techniques de représentation en perspective ont toutes en commun l’intention de représenter la vue d’objets à trois dimensions sur une surface, en tenant compte des effets de l’éloignement et de leur position dans l’espace par rapport à l’observateur.

« Bien des sciences supposent l’espace; l’art, quant à lui, le produit. » Jean-Paul Galibert

La Préhistoire

Dans cette peinture rupestre, la forme du mur de la caverne épouserait-elle les formes du corps du cerf ? Les hommes préhistoriques savaient-ils déjà tirer parti de l’espace offert à eux dans les grottes ? L’espace est celui de la nature. Il n’y a pas d’espace représenté juste des figures qui suivent les reliefs des parois des cavernes.

– Tous les animaux, à de très rares exceptions près, sont représentés de profil, mais bien souvent la vue de profil est altérée par le procédé de la perspective tordue, ainsi de nombreux bisons ont des cornes de face.
– Les superpositions sont fréquentes.

Le sol est parfois évoqué par un élément naturel, corniche, mais n’est jamais représenté directement.

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 L’Egypte ancienne

Les peintres égyptiens ne cherchaient pas à représenter la profondeur. Ce qui comptait pour eux, c’est que l’on reconnaisse les personnages où les situations qu’ils peignaient. L’espace frontal est construit puis décoré. Il y a une représentation spatiale hiérarchisée. La représentation de l’espace ou du lieu quant à elle, obéit à la perspective horizontale, la distance perpendiculaire et la distance oblique imaginables étant annulées. L’espace est comme celui d’une page où l’histoire se déroule dans l’horizontallité. Toutefois la représentation des corps humains à la fois de face et de profil répondent à l’exigence de donner un maximum de renseignements sur les figurants.

La surface est divisée entre l’espace destiné aux inscriptions hiéroglyphiques et celui réservé aux illustrations. Cette dernière est recouverte d’un quadrillage à l’aide de cordes imbibées d’encre rouge. Les objets et les personnages sont délimités par un scribe-dessinateur, limite dans laquelle va pouvoir jouer ensuite le peintre

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L’Antiquité

Durant l’Antiquité, la géométrie euclidienne commence avec les Éléments d’Euclide, qui est à la fois une somme des connaissances géométriques de l’époque et une tentative de formalisation mathématique de ces connaissances. Les notions de droite, de plan, de longueur, d’aire y sont exposées et forment le support des cours de géométrie élémentaire. La conception de la géométrie est intimement liée à la vision de l’espace physique ambiant au sens classique du terme. La profondeur est représentée géométriquement. « Les premières recherches sur la notion de perspective remontent aux philosophes et géomètres de la Grèce antique à partir du Ve siècle av. J.-C. On sait ainsi que l’initiateur des recherches sur la perspective fut l’artiste-peintre Agatharcos ; Vitruve nous apprend en effet que ce peintre aurait mentionné dans son traité la notion des lignes de fuite issues d’un centre focal unique. » Zeuxis, peintre de l’Antiquité, savait représenter l’espace en « trompe-l’oeil », c’est à dire en donnant l’illusion parfaite d’un espace réel. On n ‘a malheureusement conservé aucune peinture de cette époque.

Les romains vont, eux aussi, rechercher le réalisme dans leur peinture. Au XVIIIe siècle, les villes de Pompéi et Herculanum qui avaient été ensevelies sous la lave du Vésuve en 79 avant Jésus-Christ, ont été retrouvées et mise à jour. On y a découvert des fresques en parfait état de conservation. Ces fresques témoignent des recherches faites par les peintres de l’antiquité romaine pour représenter la profondeur.

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La période byzantine

A l’époque byzantine, l’espace n’est pas profond: il est frontal et invite au face à face avec les images. Les fonds d’or confèrent une dimension sacrée aux images pieuses. Dans l’image ci-dessous, la table est représentée en perspective cavalière et semble comme sortir du panneau. Ce n’est pas que les artistes soient moins doués, mais ils ne sont plus préoccupés de donner l’illusion de la réalité. Ils cherchent plutôt à représenter des réalités éternelles.

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Le Moyen-âge

Durant le Moyen-âge, l’espace est encore plan avec parfois des tentatives de perspectives cavalières. Quelques lignes obliques viennent suggérer une profondeur dans l’espace représenté.

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Dans cette image ci-dessous, la perspective est signifiante: les personnages plus grands sont plus importants que ceux qui figurent en bas de la page. Il y a deux plans dont le premier qui mord sur le second créant ainsi par leur juxtaposition un effet de profondeur.

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En 1344, Ambrozio Lorenzetti, peint une Annonciation qui est considérée comme une véritable révolution dans l’Histoire de l’art. La Vierge et l’ange prennent place sur un véritable plan de base représentant un carrelage de faïence en damier et qui confère à l’image un effet de profondeur évident. Mais l’espace représenté est celui d’un cube en trois dimensions où sont placés les personnages. La perspective n’a pas d’horizon avec son point de fuite à l’infini, le fond d’or arrête la progression du damier comme s’il elle se heurtait à un mur.

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 La Renaissance

A la Renaissance, les artistes reprennent les théories d’Euclide et font de nouvelles tentatives pour « creuser » l’espace du tableau et suggérer une profondeur. Alberti écrit dans un traité « Je trace d’abord sur la surface à peindre un rectangle qui sera pour moi comme une fenêtre ouverte sur le monde ». Mais Masaccio dans cette oeuvre, dispose un mur dans le fond de la scène afin de ne pas se poser la question de l’infini. La technique de la perspective va dominer et devenir une véritable science. Les artistes écrivent des traités de perspective comme Dürer, Alberti, Piero della Francesca, etc.

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Le sfumato adoucit les contours des lointains (ou même des corps des personnages des premiers plans). C’est la technique qu’utilise Léonard de Vinci dans La Joconde.

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Une curiosité dans l’histoire de l’art demeure dans les Trifrons, portraits chargés de représenter la Trinité où l’on voit quatre yeux, trois bouches et trois nez dans un même visage. Icône église St Quiriace de PROVINS XVIe siècle. L’espace est ici symbolique et figuratif en même temps.

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La perspective cavalière au Japon

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Ailleurs, comme au Japon, on développait la représentation en perspective cavalière, où les fuyantes sont parallèles entre elles.

Les vedutistes:

Le védutisme (de l’italien vedutismo, de veduta qui signifie « vue ») est un genre pictural qui prospère en Italie et principalement à Venise au XVIIIe siècle, basé sur la représentation perspective de paysages urbains.  Il est né dans la peinture du Nord mais s’est affirmé chez les vénitiens.

Vermeer, Vue de Delft

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La perspective atmosphérique

La perspective atmosphérique est une technique principalement picturale qui consiste à marquer la profondeur de plans successifs en leur donnant progressivement (du proche au lointain) la couleur de l’atmosphère, du ciel. Elle fut redécouverte à différentes époques, les fresques de Pompéi montrent qu’elles furent utilisées dans l’antiquité.

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La Mer de glaces de Caspar David Friedrich.

Les artistes sont jusqu’ici dans une quête de représentation de la réalité sur un espace plan. La peinture est « une fenêtre ouverte sur le monde » selon les propos d’Alberti.

Les peintures sont lisses afin de ne pas perturber le cheminement du regard dans l’espace suggéré par le tableau.

La période baroque:

A l’époque baroque,comme dans l’oeuvre de Jacob van Ruisdael Paysage en hiver l’espace construit est investi de peintures qui ont pour effet de dématérialiser le bâti pour emporter le regardeur vers une réalité idéalisée et divine.

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La peinture n’est pas encore dans la quête de son propre espace fait de picturalité pure. L’histoire de la représentation de l’espace dans la peinture montre qu’il n’existe pas de système capable de reproduire la réalité. La peinture même la plus réaliste reste une illusion.

Le XIXème siècle

Au XIXe siècle, l’invention de la photographie permit la diffusion des images et permit à tous de voir et de comprendre définitivement la perspective.

La peinture est à la quête de son espace propre dans la surface du tableau. Il cherche la littéralité du plan. Gustav Klimt, dans Le portrait d’Adèle anéantit tout effet de profondeur. Le corps de la jeune femme semble comme prisonnière du plan du tableau.

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Le XXème siècle

Malevitch en 1918 propose un Carré blanc sur fond blanc. La peinture se crée « espace du tableau ». La peinture abstraite s’affiche dans la pureté du plan recouvert de blanc, de nuances de blancs. La peinture monochrome, d’une seule couleur, permet d’affirmer l’espace purement pictural.

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Le cubisme:

Le cubisme est un mouvement artistique qui s’est développé principalement de 1907 à 1914 à l’initiative des peintres Georges Braque et Pablo Picasso. Dès lors le spectateur est confronté à une image dont il peut faire le tour sans avoir à se déplacer : la troisième dimension entre dans l’espace bidimensionnel. Les cubistes veulent montrer ce qui fait l’essence d’une chose, la montrer dans son intégralité. Ils veulent montrer tout ce qui peut caractériser une forme, même si dans la réalité, on ne peut pas le percevoir simultanément. Par exemple, ce qui caractérise une tasse, c’est l’anse que l’on voit quand on l’observe de face, l’ellipse qui se dessine quand on la regarde d’au-dessus, et la forme du récipient lui-même vu de profil.

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Le XXème et XXIème siècles suite:

Mais les artistes n’oublient pas la profondeur. Lucio Fontana, dans ses Concetti spaziale, perfore d’un coup de cuter la toile pour créer une réalité profonde dans la chair de la toile. La profondeur par le léger relief est réelle.

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Jackson Pollock: l’espace qui n’en finit pas

Jackson Pollock avec sa technique de l’action painting dépose sur l’espace de la toile des coulures qui vont bien au-delà des limites, des bords de celle-ci. La peinture se prolonge à l’infini comme si ses gestes n’avaient pas de fin. Number 5

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Mais l’espace concret va, au gré des expérimentations, devenir un élément plastique, un matériau dont les artistes du land art vont tirer parti. Christo, ci dessous, en est un exemple frappant. Le land art agit sur la nature directement. Le land art est une tendance de l’art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont à l’extérieur, exposées aux éléments, et soumises à l’érosion naturelle ; ainsi, certaines œuvres ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.

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Les oeuvres d’art deviennent pénétrables comme celles de Jesus Rafaël Soto,

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Avec les technologies du numérique, l’espace virtuel peut coïncider avec l’espace de l’écran de l’ordinateur ou au contraire comprendre des espaces bien plus grands.

Faces of Facebook en est un exemple: ce monochrome est en fait une accumulations de millions de photos de profils sur Facebook. L’espace ici est planétaire.

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D’autres artistes se servent de google earth pour concevoir leur oeuvre d’art avec une partie du Pacifique dont la photographie aérienne rappelle les monochromes de Klein, cliquez sur l’image

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Les différentes perspectives:

La perspective cavalière: les obliques sont parallèles:

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La perspective axionométrique: En dessin technique et en architecture, une perspective parallèle, ou perspective cylindrique ou perspective axonométrique est une forme de représentation en deux dimensions d’objets en trois dimensions qui a pour objectif de conserver l’impression de volume ou de relief.

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La perspective à point de fuite unique ou monocentrique:

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La perspective curviligne

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perspective a deux points de fuite

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Perspective en plongée

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Perspective en contre-plongée: On rencontre ce type de perspective énormément dans les bandes dessinées et les films d’animation japonaise qui utilisent beaucoup les mêmes plan de vu qu’au cinéma.

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Infographie tridimensionnelle

La synthèse d’image tridimensionnelles souvent abrégée 3D (3D pour trois dimensions : x,y,z, les trois axes qui constituent le repère orthonormé de la géométrie dans l’espace) est un ensemble de techniques notamment issues de la CAO (Conception assistée par ordinateur) qui permet la représentation d’objets en perspective sur un moniteur d’ordinateur.

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Animation 3D:

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Image stréréoscopiques: nécessitant le port de lunettes spécifiques, bicolores ou polarisantes, permettant au cerveau de reconstituer une vision stéréoscopique ;

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Les artistes ont d’abord cherché des moyens plastiques comme la perspective symbolique pour figurer l’éternel puis se sont attelés à imiter la nature. Mais il s’agit d’une convention de la représentation. Puis, la peinture s’est affranchie de ce besoin d’imitation pour entrer dans une quête de l’espace pictural pur. L’espace physique et concret est petit à petit entré dans l’oeuvre avec notamment les installations faisant entrer le corps de l’artiste dans l’espace physique de l’oeuvre.

Avec les moyens numériques, beaucoup de tentatives se veulent planétaires. L’espace est virtuel mais ne connaît pas de frontières. Il est décuplé. L’espace suggéré et l’espace littéral peuvent parfois cohabiter dans certaines oeuvres.

L’espace littéral est l’espace physique et réel du support.
L’espace suggéré est celui de la représentation posée sur notre support.
Un dessin en perspective est un espace suggéré.
Un monochrome est un espace littéral.

 

 

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